mercredi 10 septembre 2014

Cinq questions à Kambale Kisumba Kamungele (Le Potentiel)


1. Vous êtes le président de l’Association des exportateurs du café de la RDC. En cette qualité, vous venez de faire la ronde de quelques ministères à Kinshasa. Quel est l’objectif de votre démarche ?A Kinshasa, nous sommes venus faire le plaidoyer pour le secteur du café. Dans le cadre de cette démarche, nous avons rencontré les différents ministres impliqués dans ce secteur.

>Il s’agit, précisément, de ministres de l’Economie nationale, des Finances ainsi que de l’Agriculture et du Développement rural. En plus de ces membres du gouvernement, nous sommes allés également voir le Premier ministre ainsi que les députés élus des circonscriptions productrices du café. Aussi, nous étions en contact avec les directeurs généraux des services gouvernementaux qui sont impliqués dans l’exportation du café. L’objectif est de pousser le gouvernement à créer un climat des affaires particulièrement  favorable au secteur du Café, en insistant sur l’application effective des dispositions de  la loi agricole en vigueur dans notre pays. 

2. Pouvez- vous en dire plus sur l’histoire du café en République démocratique du Congo ?

Le café était introduit dans notre pays par les colons belges. Mais avant cela, il existait le café du type robusta, originaire du Congo. Les exportations du café ont constitué, depuis plusieurs années, l’épine dorsale de l’économie de notre pays en y apportant de centaines de millions de dollars américains. Vers les années 80, l’exportation du café atteignait plus de 80 mille tonnes. A l’heure actuelle, les exportations de ce produit agricole sont estimées à moins de 10 milles tonnes. C’est dans ce contexte de la  chute vertigineuse de l’exportation du café que nous, en tant qu’interface entre la production et l’exportation, nous sommes venus faire le plaidoyer de ce secteur auprès des autorités politico-administratives, pour leur bien expliquer cette problématique, et voir dans quelle mesure envisager les solutions en vue de relever le niveau de nos exportations, tombées plus bas. 

3. Comment pouvez-vous expliquer cette chute vertigineuse de l’exportation du café en RDC ?

Plusieurs raisons et facteurs expliquent cette situation. Il s’agit d’abord de la situation des guerres en répétition dans l’Est du pays, partie où est essentiellement produit le café. Ensuite, il y a le problème de la baisse de prix du café sur le marché international. Enfin, nous pouvons évoquer le cas de certaines maladies ravageuses telles que la trakiomycose. Malgré toutes ces raisons, une dynamique de production de café était toujours en place. Mais ce que nous avons par la suite constater c’est que le régime fiscal imposé à l’exportation du café n’est pas de nature à encourager les exportations de ce produit. En clair, il y a un sérieux problème de sur taxation des prix à l’exportation du café qui avoisine 13%. Pendant que chez nos voisins, notamment l’Ouganda et le Rwanda, la taxe à l’export  tourne  autour de 1 à 3%.  Ce qui nous met dans l’incapacité de pouvoir payer auprès de nos planteurs à un prix rémunérateur. Du coup, nous assistons à une exportation frauduleuse de notre café au profit de pays le mieux offrant qui sont présentement considérés parmi les pays producteurs du café, alors que le café en question vient de la République démocratique du Congo.  Seule la réduction sensible de la taxe à l’import peut faire en sorte que notre pays puisse reprendre avec les exportations en grande quantité, comme ce fut le cas il y a plus de trois décennies.

4. Pensez-vous que la situation dans le secteur du café peut s’améliorer après vos rencontres avec les différentes autorités du pays ?

Les réponses des autorités ont été encourageantes d’une manière générale. Parce qu’elles ont promis de revoir la question, et surtout de mettre en place un comité composé de membres des ministères impliqués dans cette démarche, un comité dans lequel nous ferons également partie. L’idée est de travailler ensemble pour une possible réduction du taux d’imposition à l’export du café, et aussi voir dans quelle mesure la loi agricole, telle que promulguée en 2011, puisse  véritablement être d’application.

5. Quel est votre message à l’endroit des autorités compétentes ?

Nous souhaitons tout simplement que la mise sur pied du comité mixte, chargée de donner des réponses efficaces à notre plaidoyer, soit faite dans un délai raisonnable. Nous sollicitons plus le respect de l’article 73 de la loi agricole qui exige que le taux à l’export de tout produit agricole soit fixé à 0,25%. En appliquant ce taux, nous serons, sans nul doute, capables d’offrir à nos planteurs de prix très rémunérateurs. C’est dans cette condition que nous pouvons reprendre notre place de grand producteur et exportateur du café. C’est donc une formule optimale dans laquelle tout le monde, intervenant dans la production du café, va se retrouver, y compris l’Etat.   

Propos recueillis par Cyprien Kapuku.
(*) Président de l’Association des exportateurs du café de la RDC.

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